Mobiliser ses 45 minutes
Example d'une séance type
45 minutes, ça peut paraître très court, ou au contraire horriblement long. C’est la durée que Toi d’abord propose – sans l’imposer – à ses tut.eur.rices et à ses tutoré.e.s pour 3 raisons principales:
1) Notre capacité de concentration est fluctuante et limitée dans le temps, surtout derrière un écran. Une séance de 2h peut se révéler moins productive – et moins agréable – qu’une séance de 45 minutes clairement séquencée.
2) Une durée de travail intermédiaire de 45 minutes permet de se fixer un objectif très concret et réalisable dans le temps imparti. Rien ne sert de vouloir balayer tout le programme de maths de terminale en une séance.
3) Chaque séance est une étape. Multiplier les étapes, même si chacune est relativement modeste, permet de réorienter fréquemment le programme de tutorat aux besoins et aux envies du/de la tutoré.e, et donc de rester flexible et à l’écoute.
Concrètement, que faire pendant 45 minutes ?
1)10 minutes pour orienter la séance
Les 10 premières minutes de la séance sont cruciales puisqu’elles vont largement déterminer les 35 minutes suivantes. Il est très important de les mettre à profit.
- Etablir un climat de confiance
Même si peu d’années les séparent, tut.eur.rices et tutoré.e.s ne se connaissent pas nécessairement depuis l’école primaire. Etablir un climat de confiance permet au/à la tut.eur.rice de mieux comprendre les besoins et les attentes du/de la tutoré.e car ce.tte dernier.e se sentira plus libre de s’exprimer. Pour travailler efficacement, il faut être motivé, mais il faut aussi être serein.
Comment briser la glace ?
➔ Au cours des premières séances, on apprend à se connaître – une part plus importante des 45 minutes pourra d’ailleurs y être consacrée. Le questionnaire de Proust est un outil ancien mais qui peut être infiniment réactualisé : le/la tut.eur.rice choisit une série de questions (ta série préférée ? ta musique préférée ? ta matière préférée ?) qu’il/elle pose au/à la tutoré.e et auxquelles il/elle répond à son tour. On peut ainsi se découvrir des points communs ou discuter de ses différences.
➔ Au début de chaque séance, on peut demander au/à la tutoré.e
◼ si il ou elle a pu mettre à profit la séance précédente au lycée
◼ si il ou elle a l’impression de progresser dans telle matière ou au contraire de rencontrer de nouvelles difficultés
◼ ce que il ou elle pense du format des séances et si ce qu’on fait correspond bien à ses attentes, l’aide…
➔ Il est toujours utile de rappeler que nous ne sommes ni les profs ni les supérieur.e.s hiérarchiques des tutoré.e.s et donc que le ou la tutoré.e ne doit pas hésiter à donner son avis, à exprimer ses émotions voire à râler gentiment au cours de la séance. -
-Laisser le/la lycéen.ne choisir le thème de la séance
Toi d’abord part du principe que les meilleurs spécialistes du tutorat sont ceux qui en bénéficient, parce qu’ils vivent leurs difficultés au quotidien et peuvent donc définir leurs besoins. Souvent, le ou la tutoré.e arrive en séance avec une idée de ce qu’il ou elle aimerait travailler. Il faut l’écouter !
Concrètement, le thème de la séance peut être un chapitre spécifique d’une matière, la méthodologie d’une matière, la méthodologie au sens large (transversale : comment synthétiser ses cours par exemple), l’orientation, la transition entre le lycée et les études supérieures…
- Définir ensemble un objectif de séance
Un objectif de séance est un programme de discussion ou de travail concret qui se rapporte au thème de la séance. Si le thème est « les fonctions mathématiques », l’objectif de séance peut être « comprendre comment utiliser telle fonction à travers un ou deux exercices » ; si le thème est « l’orientation post-bac », l’objectif peut être « comprendre la structure type d’une lettre de motivation à travers un exemple ».
Pour bien définir l’objectif de séance, on peut utiliser la méthode SMART (objectif Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Timé). On a d'ailleurs fait un article à ce sujet déjà ! Si le ou la tutoré.e a plusieurs objectifs en tête qu’il serait impossible de réaliser en 45 minutes, le ou la tut.eur.rice peut proposer de réaliser certains d’entre eux lors de futures séances.
2)30 minutes pour concrétiser la séance
Ces 30 minutes constituent le cœur de la séance et visent à réaliser l’objectif fixé précédemment. Si au bout de 25 minutes, l’objectif fixé s’avère finalement impossible à réaliser, il est très important de ne pas brusquer le ou la tutoré.e et de ne pas vouloir se presser inutilement – faute de quoi l’objectif ne sera dans tous les cas pas rempli puisque atteint dans de mauvaises conditions. Mieux vaut planifier une autre séance ou, à la limite, voir avec le ou la tutoré.e si il ou elle a envie de déborder un petit peu du temps prévu.
- Faire l’état des lieux des acquis du/de la lycéen.ne
Pour ne pas « pédaler dans le vide », c’est-à-dire pour ne pas travailler pendant 30 minutes sur des points qui sont en fait déjà acquis ou presque par le ou la tutoré.e, il est important de cibler avec ce.tte dernier.e quelles sont les choses qu’il ou elle n’a pas comprises/apprises/mises en pratique avec succès. Par exemple, si l’objectif de séance est de comprendre les tenants et aboutissants de la guerre du Vietnam, le ou la tut.eur.rice peut commencer par demander au/à la tutoré.e ce qu’il ou elle sait déjà de la guerre du Vietnam. Comprendre ce qui est acquis, c’est comprendre ce qu’il reste à conquérir.
- Allier théorie et pratique
Ces 30 minutes n’ont ni vocation à être un cours magistral, ni vocation à être un devoir sur table. Pour rendre la séance vivante, interactive et profitable, il peut être très souhaitable de faire plusieurs aller-retours entre théorie et pratique dans la mesure où c’est la seule manière de vérifier que ce qui a été appris a été compris. La stratégie du trampoline est souvent efficace : quand on saute sur un trampoline, on commence par rebondir légèrement, puis on s’élève de plus en plus à chaque rebond, jusqu’à monter assez haut pour tenter le salto. De même, quand on apprend un cours de maths, on peut tester notre compréhension par des exercices d’abord basiques, puis de plus en plus complexes, jusqu’à l’exercice de synthèse qui permet d’embrasser tout le cours. Il ne faut pas avoir peur de la simplicité pour commencer, parce que la complexité n’est souvent qu’une combinaison de simplicités.
- Travailler la méthode et mobiliser les bons outils
Un des objectifs du tutorat, qui est un accompagnement, est d’accroître l’autonomie, l’efficacité et la confiance en soi du ou de la tutoré.e. La méthode correspond aux différents outils qui permettent de travailler plus rapidement et plus clairement : elle permet d’acquérir une vision d’ensemble, synthétique, sur ce qu’on apprend et comprend ; une fois acquise, elle permet de dépenser beaucoup moins d’énergie et de temps sur des tâches qui étaient autrefois un calvaire.
Concrètement, quels sont ces outils ? Les outils méthodologiques sont variés ; certains sont plus adaptés à certaines matières, à certains exercices, que d’autres. Surtout, ils n’ont de valeur que lorsqu’ils sont appropriés par celui ou celle qui les utilise. L’idéal est d’en expérimenter un maximum pour pouvoir choisir ceux qui nous correspondent le plus.
Parmi ces outils, on peut citer (liste non exhaustive qu'on a illustré en pièce jointe ) :
- Le SmartArt – ensemble de modèles de représentation organisée des connaissances
- Les tableaux/tableurs : organiser les données/connaissances, mettre en évidence des différences, des rapprochements
- Les cartes mentales ou mindmapping : avoir une vision d’ensemble sur un sujet, établir des liens, trier les informations, stimuler la créativité
- Les fiches de révision : elles doivent être claires, courtes, peu rédigées, bien rangées, paginées (sous peine de ne plus retrouver la fameuse fiche sur le point 3 du grand II du chapitre 7…)
- Les post-its : efficaces pour rappeler les points essentiels d’une argumentation, quelques définitions clé, un plan très synthétique… ils peuvent être de toute taille et de toutes les couleurs (pratique pour distinguer entre différentes matières/chapitres)
- Le brouillon (/le tableau blanc numérique à distance) : notamment dans les matières scientifiques, « mon stylo en sait plus que moi » ; il ne faut pas avoir peur d’écrire, de raturer, de réécrire, de tenter des choses, ça reste entre ton brouillon et toi. …
et bien d’autres.
3)5 minutes pour synthétiser la séance
Que vous ayez ou non atteint l’objectif de séance, il est essentiel de prendre le temps non seulement de se dire au revoir, mais surtout de faire le point sur la séance, ce que le ou la tutoré.e en a retiré et sur ce qui reste à accomplir.
- Ecouter le ressenti du/de la lycéen.ne Les questions que tu peux poser à ton ou ta tutoré.e :
➔ Est-ce que tu as appris/compris des choses aujourd’hui ?
➔ Est-ce que tu penses que l’objectif de séance a été atteint ?
➔ Est-ce qu’il y a des choses que tu n’as pas encore tout à fait comprises sur le thème de la séance ?
➔ Est-ce que l’organisation de la séance te plait ?
➔ Est-ce que les outils qu’on a utilisés te semblent pertinents ?
➔ Est-ce que tu es à l’aise ?
➔ Est-ce que tu as l’impression de pouvoir exprimer librement tes difficultés ?
- Faire le bilan de la séance
Tu peux utiliser la méthode DESC :
➔ Décris les faits : ce qui a été accompli, ce qu’il reste à accomplir
➔ Exprime ton ressenti : comment la séance s’est déroulée, si tu as l’impression que le/la lycéen.ne s’est amélioré.e ou qu’il reste des points de blocage
➔ Suggère des solutions : conseils sur la manière de réagir aux difficultés rencontrées dans le futur (quand le/la lycéen.ne sera seul.e pour y faire face)
➔ Conséquences positives : on finit toujours par une note positive ! Sois encourageant.e, crois en ton/ta tutoré.e !
- Proposer un « après »
Il ne reste plus qu’à proposer au/à la tutoré.e de se revoir, en précisant par exemple qu’il ou elle sera toujours libre de choisir le thème des futures séances, qu’il ou elle peut essayer de mettre en pratique ce qui a été vu lors de la séance, qu’il ou elle est absolument génial.e…